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La potentialité psychotique

 

 

Dans son ouvrage intitulé « La violence de l’interprétation », Aulagnier Piera définit la position centrale de la théorie de la psychose. C’est à partir du concept de la potentialité psychotique qu’elle tente de théoriser la psychose.

 

Au delà de la psychose, il s’agit d’un enjeu majeur de la psychanalyse que celui de définir la prédictibilité de la psychose. C’est à dire de relier la psychose à une relation de causes à effet. Aulagnier P. donne deux significations à la potentialité psychotique l’une sur le versant d’une temporalité et l’autre dans l’opposition entre la puissance et l’acte. La potentialité psychotique introduit la notion de prédictibilité donc il s’agit tout d’abord du lien entre la psychose et l’histoire réel du sujet (passé et du présent).

 

Selon Aulagnier P. la potentialité psychotique peut être liée à un noyau psychotique qui peut ou non s’actualiser en psychose. Elle cherche à savoir si ce noyau psychotique est présent chez tout le monde ou alors juste chez certains. La potentialité psychotique ne correspond pas à un diagnostic établit selon des critères repérables, mais plus à un sentiment contre transférentiel.

« La potentialité psychotique résulte de l’enkystement d’une pensée délirante primaire qui a pour fonction de tenter d’opérer la reconstruction d’un fragment manquant dans le discours de l’Autre. »[1] La potentialité psychotique est une réponse à un conflit de l’enfance du sujet. Un conflit qui se situe entre identifié et identifiant. Cette solution, même si ce n’est pas la seule, permet de réduire la souffrance. En effet Aulagnier P., évoque le choix de mort, d’éclosion d’un autisme infantile, d’une tentative de fuir toute pensée ou désir comme autres solutions possibles au conflit. Pour Aulagnier P. la potentialité psychotique correspond à une mutilation partielle, ce n’est pas une construction. C’est le manque qui rend possible la conception d’un au delà de l’opposition entre enfant et adulte.

 

La potentialité psychotique correspond à l’éclosion d’une pensée délirante primaire qui évolue à l’âge adulte en psychose. Elle est donc porteuse d’une solution délirante alors qu’elle tend à l’éviter. Le recours à la logique délirante est : « un plus » et non pas un manque à l’incapacité du sujet à adopter une logique commune non délirante.

Le délire est utilisé par le sujet comme moyen de se sauver lui même de ses blessures. Selon Freud S. le délire est une tentative de réparation, de reconstruction à la suite d’une rupture entre le Moi et la réalité[2]. Dans la névrose, la réparation se fait aux dépens de ça mais dans la psychose elle se fait au dépens de la réalité.

 

Aulagnier P. situe le conflit au niveau du pensable. L’idéalisation du « Je » de l’infans est nécessaire à la formation d’une potentialité psychotique. Le conflit se situe sur l’identification du « Je ». Elle parle alors de « pare des-investissement ». Cela correspond à un compromis permettant de pouvoir investir des objets. La potentialité psychotique tire sa source d’une pensée délirante issue d’une frustration intolérable et d’un désir rebelle qui ne veut pas diminuer d’intensité et qui est basé sur la nécessité d’identification au « Je ». C’est une lutte entre le possible et l’impossible.

La notion de potentialité psychotique soutient un éclairage quand à l’étiologie de la psychose. Elle apporte un « espace intermédiaire » entre des exigences psychogènes et une psychose franche.

C’est la fonction identificatoire du « Je » qui va permettre l’élaboration du manque dans le discours concernant l’origine de la psychose.

La nécessité de la cohérence de la construction générale induit des réévaluations générales ainsi qu’une reconstruction permanente. Aulagnier P. dit que « L’analyse de la psychose passe par celle des conditions responsables de cette mise en pensée par le « Je » de cette relation à lui même, et au « Je » de l’autre » [3]. La potentialité psychotique est l’ensemble des solutions que le « Je » met en place par rapport aux épreuves psychiques, qui met en cause son fonctionnement psychique et son existence. C’est une sorte d’équilibre instable qui rassemble les fonctionnements du « Je » de ses positions identificatoires, lorsque l’enfance se termine.

 

 

Aulagnier P souligne que c’est pendant l’enfance que le destin psychique du sujet se dessine.

Cependant il est impossible de remettre en cause une expérience ponctuelle, ou l’environnement familial peut établir un statut causal à l’événement. Le remaniement des interprétations des causes d’entrée dans la psychose doit  toujours être actif.

A propos :
Danielle Gozlan

Passionnée par la complexité de l’être humain et désireuse d’aider l’autre, elle s'intéresse à la psychologie. 

Il existe des alternatives...

 

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