L'adolescence
L’adolescence correspond à un passage entre l’enfance et l’âge adulte. Devenir adolescent signifie renoncer à l’enfance et se détacher des parents. C’est l'âge du changement comme l’indique l’étymologie du mot adolescence : « adolescere » qui en latin signifie grandir.
Selon Winnicott, dans toute adolescence on retrouve des concentrés agressifs : « grandir est par nature un acte agressif ». Grandir est d’une certaine manière une mise à mort symbolique des parents. Cet acte engendre de la culpabilité associée au deuil du lien au parent de la petite enfance définit par Blos P comme étant « un second processus de séparation individuation ».
A l’adolescence, il y a réactivation du conflit œdipien ainsi qu’une réactivation du prégénital. Par conséquent, des mécanismes de défenses archaïques (clivage, déni, identification projective, idéalisation…) se trouvent réactualisés.
L’adolescence est une transition obligée vers de nouveaux horizons, celle-ci est parsemée d’embûches, telles que l’affirmation de soi, le choix d’une orientation professionnelle, etc.…
Françoise Dolto comparait l’adolescent au homard qui une fois sa coquille tombée est obligé d’aller se cacher sous les rochers, le temps de secréter une nouvelle coquille.
L’adolescence est centrée par une crise narcissique et identificatoire avec des angoisses intenses quant à l’authenticité et l’intégrité de soi, du corps et du sexe.
Une série de modifications physiques et somatiques s’opèrent et parallèlement on retrouve une émergence importante des pulsions qui perturbent les rapports entre les instances psychiques. L’adolescent qui se sent vulnérable tend à compenser son manque de défense par des changements d’attitudes. La tendance au passage à l’acte est accrue ainsi que l’apparition d’idées dépressives.
A l’adolescence toutes les conduites mêmes les plus évocatrices peuvent se retrouver dans un processus non psychotique. L’étude des principales conduites évocatrices d’un processus psychotique est de ce fait difficile à établir. Toute la difficulté repose sur le fait qu’il ne faut ni s’entêter à maintenir l’autre dans sa case nosographique pour garantir les limites normales de la sienne, ni de dénier la différence.
Adolescence et Psychose
L’adolescence d’un point de vue psychanalytique.
La perspective psychanalytique suppose une possibilité de description et de compréhension de l’adolescence comme un processus psychologique analogue selon les sociétés. Selon Freud S. « avec le commencement de la puberté apparaissent des transformations qui amèneront la vie sexuelle infantile à sa forme définitive et normale »[1]. Freud S. ici fait référence aux pulsions génitales qui regroupent à la puberté les pulsions partielles, l’adolescent doit rejeter ses parents car leur présence réactive les conflits Oedipiens et menace d’inceste (inceste qui peut à présent se réaliser). L’adolescent doit rejeter les bases identificatoires de son enfance. Pour Freud S. la puberté est « un précurseur » important de l’organisation sexuelle définitive.
A partir de la puberté apparaît la possibilité orgastique, et l’ouverture à la reproduction, il en découle une explosion libidinale, une éruption pulsionnelle génitale ainsi qu’un mouvement de régression vers les pulsions prégénitales. Pendant l’adolescence l’excitation pulsionnelle occupe une place importante.
Plusieurs auteurs ceux sont intéressés à l’adolescence.
Parmi eux, la fille de Freud S. Anna. Freud A.[2] et Jones E. isolent la notion d’adolescence. Pour Jones E. l’adolescence n’est qu’une répétition de l’enfance. Selon Gutton Philippe, le risque de régression chez l’adolescent ayant des éprouvés incestueux est important.
L’Oedipe[3] génital peut conduire au retour de l’archaïque et donc à la relation incestueuse primordiale entre le bébé et la mère. L’adolescent se persuade d’être l’objet du désir du parent incestueux. Si l’adolescent ne parvient pas à refouler ses fantasmes, il se retrouve proche du corps maternel, c’est là que la Loi du père doit faire obstacle. Gutton Ph. définit « la folie pubertaire » comme le résultat d’une complicité axée autour d’un désir incestueux non agit entre l’adolescent et un parent. Il décrit les « scènes pubertaires » comme des fantasmes sexuels où les objets partiels sont importants et où la fonction paternelle est périssable.
A l’adolescence, la folie pubertaire et les scènes névrotiques font partie des aléas névrotiques. Selon Blos P. et Mahler M. la séparation, l’individuation et l’autonomisation sont des entités qui métaphorisent un aspect des processus de subjectivation à l’adolescence. Selon Laufer M. l’adolescence est la rencontre avec l’irréversibilité de la sexuation. Tout obstacle à cette opération ou toute fixation aux images parentales infantiles entraînera une impasse dans le développement.
Raymond Cahn conceptualise le processus d’adolescence à partir des psychotiques pubertaires ainsi que dans la triangulation oedipienne génitalisée. A l’adolescence, les lacunes narcissiques de la petite enfance sont réactualisées. La fragilité identificatoire cède à la violence pubertaire des désirs incestueux et pubertaires.
A partir des modifications physiques de la puberté, Gutton décrit un processus psychique désigné par le terme de « pubertaire ».
Pour Gutton Ph. le processus d’adolescence conjugue une étape pubertaire qui est à la psyché ce que la puberté est au corps, et une seconde phase de reconstruction des identifications.
Le pubertaire rend compte des conflits entre le moi (réel biologique de la puberté), le surmoi (barrière de l’inceste) et le ça (qui élabore le développement oedipien).
A l’adolescence, le corps nouveau efface les traces de l’enfance et porte en lui la possibilité d’une croyance imaginaire de la révélation du mystère des origines du vol de la jouissance parentale.
Mais le corps infantile accroché aux imagos oedipiennes non sexualisées subsiste.
A l’adolescence, à la différence de l’enfant oedipien, la partie déniée est la partie sexuée de son corps pubère qui se trouve être le support des désirs incestueux actifs ou passifs qui sont menacés par la Loi paternelle[4] ainsi que par l’éprouvé d’un anéantissement.
La puberté induit donc un clivage. A l’adolescence le clivage n’est pas un moyen de défense mais un état de fait. C’est la réduction de ce clivage qui contribue à l’aboutissement du processus de subjectivation. Le clivage se présente comme une inquiétante étrangeté de la sexuation et met l’adolescent en nécessité de rester fidèle aux objets infantiles ou de les abandonner. Le clivage est le point de départ d’un travail qui permet l’élaboration des désirs incestueux et parricides. Le clivage peut être un obstacle au processus pubertaire.
Le moi clivé perd de sa fonctionnalité, de sa capacité d’être au service du sujet. Il peut alors émerger une perte du sentiment de la capacité d’être du sujet.
Une partie du moi cherche à maintenir les objets infantiles et à annuler les transformations de la puberté ainsi qu’à annuler les exigences des pulsions génitales.
Le risque est alors de se perdre tout entier, de s’anéantir, de ne plus se sentir exister.
Pour que le moi forme une unité et retrouve sa cohérence, il faut que les objets internes et externes s’unifient grâce notamment à des mécanismes de défense tel que l’identification projective. La réduction du clivage passe par l’identification projective, la projection etc.…
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[1] Freud S. « les transformations de la puberté » Trois essais sur la théorie sexuelle, traduit par Koeppel P.Paris, Essais, 1989.
[2] Freud A. Le Moi et ses mécanismes de défenses. Paris, PUF, 1949.
[3] Marty F. « Le complexe d’œdipe représente la construction d’un schéma de relation permettant à l’enfant de se repérer comme fille ou garçon séparé(e) de l’imaginaire maternel, sujet reconnu désirant, en référence à la Loi du père, le père (et la Loi) étant instance interdictrice qui organise les rapports entre les êtres au sein de la communauté (interdit de l’inceste). L’enfant, avec l’œdipe, conquiert le symbole en renonçant à la jouissance de la possession immédiate, et se libère ainsi de la présence nécessaire de l’objet : l’objet étant symbolisé, peut être évoqué (ou tué) in abstencia. En ce sens le symbole naissant d’un processus complexe (la symbolisation) qui permet d’acquérir une certaine autonomie par rapport aux choses. »
[4] L’issue du conflit œdipien implique l’élaboration d’un pacte symbolique. Une fois le père mort, (ayant donc perdu sa puissance redoutable ainsi que son pouvoir protecteur), subsiste les attributs fondamentaux qui se transfèrent sur sa fonction symbolique, la loi.
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