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Comment repérer un adolescent qui s’inflige des violences?

En tant que professionnel, nous savons bien que tout adolescent peut aller mal, mais que tous les adolescents qui vont mal ne s’infligent pas des violences. Dans notre quotidien, notre métier nous impose de veiller particulièrement  à repérer ces adolescents là qui sont en souffrance et qui l’expriment par des conduites auto agressives (automutilations, toxicomanies, suicides, conduites à risques, conduites délinquantes…). Outre le travail de repérage clinique classique, tout professionnel se doit de rester attentif et toujours à l’écoute de ces conduites auto agressives qui sont prédominantes à l’adolescence.

Un jeune qui se blesse volontairement est un jeune en souffrance. Certes, pour le moment il se blesse mais demain qu’en sera-t-il ? Et si la souffrance s’intensifie? Jusqu’à quelle limite sera-t-il capable d’aller ? Ne risque-t’-il pas de s’autodétruire ? Ne risque-t’- il pas de vouloir se donner la mort ? Alors avant d’en arriver là comment les repérer pour leur apporter de l’aide ?

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Une violence qui se cache :

L’adolescent qui se fait violence met en place souvent toute une stratégie de dissimulation. Toutefois, fort heureusement l’adolescent  cache « malhabilement » ce qui lui arrive, ce qui à condition d’être vigilent permet de le distinguer des autres.  Evidemment, ce travail de repérage n’est pas aisé, mais il est essentiel. Souvent tût et incomprise, cette violence se cache aux yeux des autres, et même lorsque l’entourage du jeune l’observe ils ne savent pas trop quoi en dire ni à qui en parler, se met en place le déni. De nos jours, l’automutilation comme soulagement de la souffrance est une pratique qui dérange socialement, certaines pratiques de ces violences que les adolescents s’auto infligent sont plus acceptables, mais elles nous invitent tout autant à la réflexion.

Qui ose en parler ? Que peut-on en dire ? Est- ce que l’autre est prêt à entendre cette souffrance ? Le suicide en est d’ailleurs une illustration à son paroxysme. Les endeuillés d’un suicidaire tiennent bien souvent un discours dans lequel ils disent n’avoir rien vu de la souffrance de l’autre. Pourtant l’étude du comportement suicidaire montre que le jeune qui se suicide laisse tout un tas d’indices au préalable avant le passage à l acte. L’appel à l’aide n’ayant pas aboutit la souffrance a trouvé l’apaisement par la mort. C’est là toute l’importance de votre travail qui consiste à être alerte au moindre signe lorsqu’un jeune se présente à vous, et que vous avez la sensation qu’il cache quelque chose de l’ordre de la violence.

La  violence que s’inflige l’adolescent par des mutilations, scarifications et conduites à risques montre une volonté de se défaire de la souffrance. C’est là un détour symbolique pour tester la légitimité d’être soi. L’automutilation est aussi un des moyens que l’adolescent utilise pour canaliser ses émotions et ses angoisses. Ces adolescents s’inscrivent dans un rôle  ou la mort rode, et se cache.

 

 

Repérer des signes sur le corps la ou les mots font défaut

Parmi ces adolescents qui s’infligent des violences, seul peu d’entre eux parviennent à verbaliser leurs difficultés. C’est parce qu’il n’y a pas un seul profil de jeunes qui s’infligent des violences que chaque professionnel dans sa pratique devra se questionner lorsqu’il suspecte une telle situation.

A l’adolescence, souvent ces jeunes là ne souhaitent  laisser transparaitre aucune émotion, par honte ou par peur de faire de la peine, ou d’inquiéter l’autre ou encore ils peuvent penser qu’il n’y a pas d’intérêt…Et lorsque le silence s’installe, et que l’échange est  difficile avec l’adolescent, c’est là qu’entant que professionnel l’on doit redoubler d’attention.

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L’observation est souvent la clef du repérage,  car l’adolescent auto agressif utilise son corps pour faire savoir qu’il souffre. Par exemple : on peut repérer un adolescent qui s’automutile grâce aux marques qu’il peut se faire sur n’importe quelle partie de son corps (visage, jambes, bras, cheveux, organes génitaux) et avec n’importe quel « outil » (cutter, ciseaux, couteau, allumettes…). Plus les blessures sont proches des organes sexuels, plus le professionnel doit s’inquiéter de l’urgence de la souffrance du jeune. Les scarifications, les piercings, les tatouages, les brûlures, les morsures, les griffures, les égratignures sont autant de marques que l’on doit rechercher sur le corps de l’adolescent afin de les interpréter. Certains professionnels auront plus de facilité à accéder au corps de l’adolescent, toutefois si vous avez un doute vous pouvez toujours demander au jeune de vous montrer la partie du corps suspecte, (tout en veillant à respecter son intimité). Seul un jeune qui veut cacher quelque chose hésitera à vous donner la preuve que vous demandez.

On observe chez l’adolescent, que l’acte de se couper est le plus fréquent, viennent ensuite les brûlures de cigarettes. D’autres conduites symptomatiques s’associent fréquemment : comme les conduites anorexiques ou boulimiques, l’état dépressif, les difficultés sexuelles, ou encore la tendance toxicomaniaque.

L’automutilation est le signe d’un profond mal être intérieur, ou le jeune ne parvient pas à dire en mots ce qu’il ressent et transforme cette violence en agression sur son corps et parvient ainsi à nous la rendre accessible. L’adolescent va alors expérimenter au sens propre du terme la notion d’être mal dans sa peau.

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L’analyse visuelle et olfactive

Lors de la rencontre avec un adolescent, chaque professionnel se doit de porter une attention visuelle particulière à l’allure générale du jeune. La manière dont le jeune se présente, son habillement, sa façon de se déplacer dans l’espace, la façon de s’adresser à l’adulte,  les jeux de regards, sont autant de repères précieux. Par exemple, un jeune qui fuit le regard de l’adulte qui lui parle, semble cacher quelque chose. Le jeune qui s’inflige des violences est suffisamment habile pour vous faire comprendre qu’il cache quelque chose qui peut se remarquer, mais qui dans son attitude tente de dire « tu peux voir si tu veux, mais je n’en parlerai pas ».

Après ce repérage visuel, le sens de l’odorat fournit aussi des renseignements non dénués d’intérêt.  Une odeur d’alcool, de cigarettes ou de drogues sont des indices sur la consommation du jeune qui permet d’amorcer un dialogue. L’hygiène de vie du jeune (troubles du sommeil, troubles de l’appétit, fatigue…) mais l’hygiène corporelle, ou l’hygiène intime sont aussi des éléments qui par l’observation et l’attention fournissent des repères significatifs. Un laissé aller vestimentaire à l’âge ou la mode, et l’apparence prennent une place dominante doit vous interpeller. De même le choix vestimentaire du jeune doit être adapté à la saison. Un jeune qui remet continuellement les mêmes habits jusqu’à laisser à l’autre une impression de clochardisation, ou un jeune qui tire constamment sur les manches de son pull, ou encore celui qui ne porte qu’un  large survêtement, se laissant disparaître sous des formes amples tente ainsi malhabilement de vous dire qu’il y a quelque chose qui lui fait mal.

Les maux au lieu des mots

Mettre en mots quand on est adolescent nécessite une intellectualisation du ressenti, et bien souvent ce n’est pas aussi clair pour le jeune. Par contre celui-ci va tenter en dehors des atteintes sur son corps, d’exprimer sa douleur par des maux physiques ou psychiques. Des maux de tête, des plaintes physiques, des fractures, brûlures…sont autant de signes d’alertes. Par exemple : Une jeune fille qui va régulièrement à l’infirmerie pour des plaintes diverses voire farfelues (maux de ventre, douleurs de règles, angines fictives ou pas, maux de tête) est un indicateur d’une jeune fille qui va mal et qui est susceptible de chercher à se faire mal jusqu’à ce qu’on la prenne au sérieux. Evidemment c’est la répétition de la plainte qui alerte. De même les retards répétitifs injustifiés, l’absentéisme récurrent, mais aussi les motifs évoqués étayent les interrogations sur le jeune.

Les signes à travers son comportement

Le professionnel doit garder à l’esprit qu’il y a toujours un jeu maladroit entre une volonté de cacher qu’il va mal, mais qui en même temps a besoin d’être repérer comme un adolescent qui souffre.

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La  plupart du temps un adolescent qui se fait du mal va garder son manteau ou blouson sur lui-même si on l’invite à le retirer. L’objectif pour cet adolescent est de ressentir l’illusion d’être protégé, en ayant le plus d’enveloppe de protection possible. Parfois il dissimule son visage sous sa capuche ou derrière un rideau de cheveux. Il montre ou cherche à montrer par le langage du corps qu’il cache quelque chose. Le langage non verbal  est un bon indicateur du degré d’anxiété du jeune et c’est en analysant les mécanismes de défense que l’adolescent met en place que l’on peut évaluer en tant que professionnel sa souffrance.

La prise de risque à l’adolescence n’est pas pathologique en soi. Ceux sont le contexte et les conséquences prévisibles qui vont délimiter la limite entre le normal et le pathologique.

Le contexte familial et les différentes carences qui peuvent y exister sont des indicateurs importants pour une aide au dépistage des jeunes autos agressifs. Une rupture récente avec l’environnement familial peut accroître le sentiment d’isolement du jeune et de ce fait engendrer un retour d’agressivité et de violence sur lui même.

 Un acte délibérément dangereux fait dans un but d’autodestruction doit tout de suite alerter. Lorsque l’on vous rapporte une situation de mise en danger avec des conduites associées additives ou à risques, une investigation autour de la volonté autodestructrice du jeune doit s’enclencher.

Sont considérées comme des blessures volontaires la toxicomanie, la consommation de tabac, ou d’alcool,  les frénésies alimentaires, mais c’est l’analyse de la situation dans son contexte global qui permet de dire si il s’agit d’un adolescent auto agressif.

 Les signes à repérer au niveau de son apprentissage

L’échec du jeune est souvent un des premiers indicateurs de ses difficultés. Cet échec prend la forme d’un auto-sabotage plus ou moins sévère et focalisé (l'anorexie est le problème de son corps et de la nourriture, pour un autre ce sera l'échec scolaire, ou l’échec dans une discipline artistique extrascolaire etc..). Le piège et le drame, c'est que ce comportement négatif est pour l'adolescent un moyen d'affirmer son identité et sa différence. La mise en échec sert à alerter l’entourage et les professionnels. L’échec scolaire est sans doute assez sournois d’ailleurs car vite repéré mais pas toujours bien interprété. 

Le lien, un élément indispensable au  repérage et à l’analyse

Afin de repérer un adolescent qui s’inflige des violences, il est important en tant que professionnel de tenter de créer un climat de confiance qui sera propice à l’émergence d’une demande. C’est notamment par un lien empathique que peut se nouer une alliance et le consentement de l’adolescent à la recherche de sens. Cette alliance vous aidera à affiner votre évaluation. A travers ce lien on établit le degré d’adaptation du jeune au collège, la qualité de ses relations extra et inter familiale, l’estime qu’il a de lui-même et des autres. De façon à avoir une vision globale de la problématique du jeune. La reconnaissance par un adulte de cette souffrance commune débouche très souvent sur des alliances qui aident l’adolescent à voir ainsi qu’il n’est pas tout seul.

Que son avenir importe aux autres. Mais surtout qu’il existe aussi des solutions alternatives.

Prendre le temps d'en parler, d'étudier les ouvertures possibles est un travail essentiel.

Il existe des alternatives

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