L’adolescence du normal au pathologique
L’adolescence ressemble à un moment de folie. C’est à l’adolescence que le risque d’entrée dans la psychose est le plus accrue. L’anamnèse et les suites de la crise d’adolescence sont importantes pour décrire les manifestations psychotiques et leurs effets.
Il est fréquent qu’à l’adolescence le diagnostic d’état limite soit utilisé pour définir « une adolescence attardée ». Toutes les questions de l’adolescent concernant son corps, son intégration dans le monde et dans sa société, ainsi que sur son identité correspondent aux problèmes soulevés par les psychoses. Winnicott compare le processus de l’adolescence aux observations des psychotiques.
La question du normal et du pathologique se pose vivement à l’adolescence. En effet, la multiplicité des conduites déviantes, leur labilité, la difficulté à saisir l’organisation structurelle, l’estompage du cadre nosographique courant, et le rôle de la famille forment autant d’incertitudes qui fondent la notion du normal et du pathologique.
Le processus d’adolescence entraîne une « crise d’adolescence ». La crise d’adolescence inquiète souvent les familles et peut conduire à consulter un psychologue qui doit alors distinguer ce qui correspond aux normes du processus et ce qui le dépasse.
A l’adolescence, on se trouve confronté à l’impossibilité de statuer une norme au sens de la norme statique, car le risque est de considérer des conduites déviantes à d’autres instants comme des conduites normales. La mise en place d’une norme sociologique peut conduire à placer l’adolescent dans le champ pathologique. Une normalité médicale risque d’associer l’adolescent à la maladie.
Néanmoins, suite à la demande de pronostic, le psychologue cherche soit à faire coïncider les différentes conduites déviantes de l’adolescence avec des symptômes morbides, soit à ramener ces conduites à une composante normale et banale de la crise d’adolescence.
Plusieurs auteurs qui se sont intéressés à l’adolescence ont utilisé la pathologie pour comprendre le sens de la crise habituelle de l’adolescence. Cette conception efface les frontières possibles entre le normal et le pathologique. Pour Freud A. « La puberté peut se rapprocher des poussées psychotiques, du fait de l’adoption de certaines attitudes de défenses primitives… ». Selon elle, à l’adolescence, seule une distinction d’intensité économique différencie le normal et le pathologique. Elle s’appuie sur la lutte du Moi contre la pression pulsionnelle retenue par le danger de chaos et le danger d’inhibition. Mais si la « folie pubertaire » fait partie du processus normal du développement à l’adolescence, il est nécessaire qu’elle puisse être refoulée pour maintenir la virtualité hallucinatoire loin de la perception et ce afin de ne pas perturber le rapport à la réalité.
Il est difficile de séparer les manifestations aiguës d’une crise d’adolescence d’une pathologie telle que la psychose par exemple. Néanmoins plusieurs troubles psychiques apparaissent comme faisant partie du développement normal à l’adolescence.
Pour déterminer le normal du pathologique, il est nécessaire d’avoir des références concernant les différents stades tel que le stade du miroir, l’œdipe et les identifications et de leurs répercussions à l’adolescence.
De même, la souplesse et la rigidité des conduites ainsi que la manière dont elles interfèrent avec le fonctionnement globale de la personnalité renseignent sur l’évaluation du normal et du pathologique. L’entrave que ces conduites représentent pour la poursuite du développement psychique apporte un éclairage à la compréhension de la psychopathologie individuelle et à la question du normal et du pathologique.