L’acquisition de la propreté
Autour de 3 ans
De Sigmund Freud à Françoise Dolto, en passant par Melanie Klein, Donald Winnicott ou bien encore Bruno Bettelheim, les grands noms de la psychanalyse se sont succédés dans l’intérêt porté aux différentes étapes du développement de l’enfant, à ses éventuelles difficultés et à la manière d’envisager de les résoudre. Ainsi, nombreux sont les ouvrages traitant du sujet et s’adressant aussi bien aux professionnels du monde de l’enfance qu’aux parents soucieux des meilleures méthodes pour éduquer leurs enfants.
L’apprentissage de la propreté chez le tout-petit reste l’une des préoccupations parentales les plus souvent évoquées. L’interrogation du quand et comment s’y prendre ? fait office de traditionnel débat à chaque nouvelle génération de parents.
Selon le petit Robert l’acquisition de la propreté est le fait de contrôler ses fonctions naturelles.
Normalement, c’est-à-dire d’un point de vue neurologique, compte tenu de l’évolution du système nerveux, la possibilité de commande volontaire des sphincters se situe aux alentours de 18 mois, avec une latitude pouvant aller jusqu’à 3 ans, sans que cela ne revête le moindre aspect inquiétant. Donc détendez vous, il y a le temps. D’autant plus que votre enfant a beaucoup à gérer à la fois entre 2 et 3 ans. En effet il est dans sa période d’opposition et dit non.
C’est un apprentissage difficile car il est nécessaire que l’enfant soit prêt physiologiquement et psychiquement. Ce processus complexe qui demande du temps et de la maturation.
Durant la première année, l’essentiel de l’énergie psychique de l’enfant, ce que l’on appelle sa libido, elle est principalement concentrée au niveau de la zone orale avec l’allaitement, suivi du sevrage. C’est au cours de la deuxième année que cette libido va investir davantage la zone anale, avec l’apprentissage de la propreté et de la marche.
En tant que parents vous pouvez vous repérer pour savoir si votre enfant est prêt.
Prise de conscience
Un temps nécessaire
Le temps de la prise de conscience pour l’enfant de ce qui se passe dans son corps et de pouvoir commander ses organes.
Capacités motrices
-
Monte et descend les escaliers en alternant les pieds d’une marche à une autre seul
-
Capable de pédaler sur un tricycle
-
Court et saute facilement sur ces deux pieds
-
Essaye de faire seul
-
L’acquisition du contrôle des sphincters a cette particularité de permettre à l’enfant de décider par lui même de la rétention ou de l’expulsion des fèces et des urines
Capacités cognitives
-
Comprendre ce que c’est qu’un pot et à quoi il sert.
-
Enlève sa couche seul et la met dans la poubelle
-
Il doit apprendre à être à l’écoute de ses sensations corporelles, identifier le moment ou cela se passe. Etre capable de situer la limite entre le dedans et le dehors.
Capacités langagières :
-
Votre enfant doit avoir acquis une autonomie suffisante, être capable de s’exprimer verbalement avec des mots simples.: pipi caca pot
Capacités relationnelles :
-
Souhaite faire plaisir
-
N’est plus en opposition systématique
Capacités psychiques
-
Se sentir bien en sécurité psychique
-
Il doit se sentir libre et être psychiquement disponible.
Bien souvent l’école impose que l’enfant soit propre avant d’intégrer l’école, ce qui peut conduire certains parents à mettre sous pression leur enfant pour qu’il puisse satisfaire ce point.
Désormais, il va falloir savoir se retenir. En conséquence, de véritables conflits peuvent apparaître puisqu’il ne va plus être permis à l’enfant de faire ses besoins librement, où et quand bon lui semble.
Mes parents & moi
Tous les jours
L’enfant doit ressentir le besoin, comprendre qu’il doit aller au pot, contrôler ses muscles pour aller au pot et en même temps il doit désirer devenir grand. C'est-à-dire que sur un plan psychologique votre enfant doit avoir le désir d’être autonome et l’envie de faire seul.
Dès lors, il est exclu d’envisager la chose à n’importe quel moment sur un mode spontané.
Néanmoins, acquérir la propreté ne doit en aucun cas se transformer en une lutte entre les parents et l’enfant avec l’établissement d’un rapport dominant/dominé : l’évacuation serait alors synonyme de soumission et la rétention signe d’opposition, d’autant que cet apprentissage correspond à la période où l’enfant dit non.
En effet, la fonction anale présente la singularité d’être très ambivalente sous l’angle du processus de rétention/expulsion, comparable à un couple d’opposés passif/actif.
Comment accompagner son enfant vers la propreté?
Le travail du parent dans cet apprentissage est d’accompagner l’enfant dans sa démarche.
Le premier point dans cet accompagnement et de l’accompagner sans le forcer. Il ne faut justement pas permettre à l’enfant de percevoir cette fonction comme une sorte de pouvoir consistant à donner ou pas. Ceci, d’une part, le mettrait en position de toute-puissance mais, surtout, deviendrait rapidement un mode d’expression des affects, avec la mise en place d’une sorte de langage vis-à-vis de la mère dans lequel faire équivaudrait à faire un cadeau ; à l’inverse, se retenir correspondrait à une punition infligée au parent. D’un côté, la récompense et, de l’autre, la manifestation d’un mécontentement, de la colère, voire même de la haine.
Le parent doit avoir une attitude détachée et positive.
Il doit faire preuve de confiance en son enfant et surtout de bientraitance. Si votre enfant n’y arrive pas,c’est qu’il n’est tout simplement pas prêt et qui lui manque une étape dans le processus de maturation.
Le parent doit pouvoir observer son enfant ce qui lui donnera des indications.
-
Acheter un pot.
-
Donner du sens à ce pot en verbalisant.
-
Laisser le pot à disposition aux wc.
-
Respecter le besoin d’intimité de votre enfant.
-
Attendre un peu avant de jeter car votre enfant sera très fier de ce qu’il expulsera.
-
Pensez à bien valoriser votre enfant même si un accident survient et évidemment cela arrivera. Aider votre enfant en favorisant son autonomie en l’habillant avec des habits qui se retirent facilement.
-
Proposer le pot à votre enfant quand il semble être prêt, préférez après les repas, avant la sieste…
C’est seulement une fois qu’il a réussi à de nombreuses reprises et que sa couche est systématiquement sèche que vous proposerez la culotte.
-
Le féliciter dans sa démarche même en cas d’accident : « je suis contente pour toi car tu deviens grand.
Un enjeu conséquent : l’autonomie
Pour toute la vie
Il est important de préciser que de la façon dont va se faire cet apprentissage vont dépendre, entre autres, des traits de caractère à l’âge adulte suivant précisément le degré d’acceptation ou, au contraire, des attitudes réactionnelles. Il y a ceux qui, plus tard, seront disciplinés sachant se conformer à ce qui est établi, à l’opposé de ceux qui s’inscriront plutôt dans le désordre et la rébellion. L’enjeu est donc de taille, puisque c’est bel et bien d’un combat dont il est question.
Non pas de celui à l’issue duquel l’enfant doit être vaincu, ce qui ne ferait qu’accentuer son état d’infériorité, mais d’une bataille que l’enfant mène avec lui-même et dont il va ressortir victorieux, revalorisé, avec le sentiment d’être devenu grand et autonome.
En résumé, un bon apprentissage de la propreté chez le tout-petit est avant tout celui qui se fait au bon moment ou bien encore celui qui passe par le respect du stade d’avancement en relation avec l’âge. En d’autres termes, c’est lorsque l’enfant est physiologiquement et psychologiquement prêt et pas avant.
Rappelons qu’il s’agit-là d’un apprentissage et non pas d’un dressage qui se voudrait le faire-valoir d’une quelconque précocité. Ne jamais rien forcer, ni contraindre qui pourrait faire en sorte que la situation devienne source de stress ou d’anxiété. Il est fondamental de prendre en compte la maturité pulsionnelle de l’enfant, tant sur le plan affectif qu’intellectuel et ce, de façon individuelle, chacun ayant son propre rythme. D’où la nécessité d’évaluer la capacité de compréhension de l’enfant face au sens de la démarche et, pour cela, que son esprit soit suffisamment développé.
Enfin, l’acquisition de la propreté, en dehors de tout contexte pathologique, obéit somme toute à une évolution naturelle et, même si elle demeure variable d’un individu à l’autre, sachons qu’elle se fera de toute façon.
L’acquisition de la continence de l’enfant, appelée communément « propreté », a été présentée comme « ne posant pas problème » dans les relations avec la grande majorité des parents. Il a pourtant été beaucoup question de cette acquisition lorsqu’ont été abordées les difficultés avec eux.
Laissez vos enfants prendre le temps dont ils ont besoin pour être propre. Accompagnez-le dans son apprentissage en douceur.